Costume national et identité dans le Sultanat d’Oman
Jeudi 28 avril, devant l’audience de la salle de séminaire MBI Al Jaber, la conservatrice du British Museum Aisa Martinez a tenu une conférence extrêmement intéressante sur les questions du costume national et de l’identité dans le Sultanat d’Oman. Son intervention s’est particulièrement concentrée sur le rapport entre le costume national, véritable symbole de l’appartenance à la communauté omanaise, et l’identité chez les hommes. Les tenues des femmes ont, quant à elles, évolué selon l’influence occidentale. Aisa a ainsi démontré comment, à travers les différentes régions d’Oman, subsiste une diversité vestimentaire évidente qui témoigne des connections et influences transnationales.
Les matières, couleurs et coupes de ces vêtements racontent l’histoire de ceux qui les portent et les fabriquent, ainsi que leur propre origine – production locale ou importation. On peut également y percevoir un héritage flagrant des échanges commerciaux dans la région de L’Océan Indien. Durant le milieu du XIXe siècle, le Sultanat de Muscat et d’Oman (nommé ainsi à l’époque) représentait l’empire commercial par excellence, attirant connections et influences issues de régions extérieures. On note par ailleurs que depuis la deuxième moitié du XXe siècle seulement, l’origine ethnique ou régionale d’une personne est un marqueur important de son identité. L’impact de la richesse et de la découverte du pétrole, combiné à la croissance des influences occidentales, ont contribué au besoin des citoyens du Golfe de réaffirmer une appartenance identitaire unie, se distinguant des citoyens, des non-citoyens et des ressortissants issus de chacun des différents états. Le signe le plus visible devient alors le port du costume national.
L’influence africaine, indienne et arabe peut être clairement aperçue dans l’ « uniforme » traditionnel omanais du dishdasha et du kuma. Un dishdasha est une robe longue, généralement blanche, revêtue par les hommes du Moyen-Orient, tandis qu’un kuma est la coiffe qui caractérise le costume masculin omanais. Si un homme travaille dans le secteur public, il portera un dishdasha blanc, alors que s’il travaille dans le secteur privé, il pourrait choisir une autre couleur neutre. Des broderies de soie et de fils de coton décorent l’encolure. On peut également trouver des dishdasha aux teintes plus audacieuses et vives à arborer lors d’occasions formelles.
En se référant au Sultan de Qaboos, créateur et leader de l’identité omanaise moderne, Aisa explique que l’Oman est le seul pays du Moyen-Orient arabe à incorporer le kuma à leur costume national. Il s’agit d’une coiffe aux dimensions spécifiques, brodée à la main et ajourée afin d’offrir une aération crânienne, bienvenue sous le soleil omanais. Chaque homme possède un style propre à lui, qu’il aura développé à l’école.
On utilise des matières délicatement brodées à la main ou à la machine, principalement du cachemire qui permet étonnamment de s’isoler du froid comme de la chaleur.
Les costumes féminins, a ensuite confié Aisa, reflètent également la diversité culturelle et géographique du pays. Tout comme chez les hommes, ils sont créés dans de différents styles et couleurs, et s’inspirent de l’Afrique et de l’Asie du Sud. En revanche, leurs dishdasha ne sont jamais blancs, et les ornements se situent au niveau de la poitrine, des manches, de l’ourlet et des chevilles. Il est plus court que celui des hommes, permettant aux femmes de l’étayer d’un pantalon fuselé.
Extrêmement intéressante, la présentation d’Aisa Martinez a certainement éveillé la curiosité de l’audience pour la mode et l’identité omanaises, les vies sociales influencées par les choix des hommes et des femmes, ainsi que les connections culturelles et historiques du pays.
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